Electron-Libre


Claude Gueniffey

Les moteurs électriques

Première partie

Introduction - Comment ça fonctionne ?

Les moteurs classiques - Les moteurs brushless

Réducter ou pas ? - Liste de liens - Le choix d’un moteur

Le calcul des performances d’un moteur

Conclusion provisoire


Introduction

Je vais tenter dans cet article de vous présenter les différents types de moteurs électriques adaptés à la propulsion de nos modèles volants. J’ai joint une base de données regroupant pas mal de moteurs ainsi que des feuilles Excel permettant le calcul des rendements et intensités consommées par ces moteurs.

Nous commencerons par aborder les principes de fonctionnement, ensuite nous étudierons les caractéristiques et les performances pour finir par le choix de l’hélice.

 

 

Le moteur électrique : comment ça fonctionne ?

Les moteurs électriques transforment l’énergie électrique (volt, ampères) en énergie mécanique (couple, vitesse de rotation).

 

 eleclib01.jpg (14641 bytes)

 

Les moteurs électriques qui nous concernent se regroupent en 2 grandes familles ; les moteurs classiques et les moteurs brushless. Les moteurs classiques sont dotés de charbons, on voit des étincelles par les ouies arrières lorsque ça tourne, les brushless (en anglais : pas de balai) ne possèdent pas de charbon.

 

 

Principe de fonctionnement du moteur classique

Des aimants situés sur la partie fixe du moteur, le stator, provoquent un champ magnétique. La partie mobile, rotor, sur laquelle sont bobinés des fils de cuivre, est alimentée par la batterie de propulsion à travers les charbons. Le fait d’alimenter ces bobines les transforme en aimants. A partir de là, le rotor se met à tourner grâce au collecteur qui fait changer le sens d’aimantation des bobines.

 

 eleclib02.jpg (26416 bytes)

 

Les caractéristiques de ces moteurs dépendent des aimants du stator, des bobinages, des charbons. Plus les aimants sont puissants, plus le moteur aura de couple, plus les résistances de bobinages seront faibles, plus le moteur sera puissant, les charbons assurant le passage de l’électricité, plus ils sont souples, plus ils s’usent vite, mais meilleur est le contact.

Les différents types de moteurs classiques sont : les moteurs ferrites (type des aimants), les moins chers, par exemple la plupart des Speed Graupner (rendement env. 70%) ; les moteurs néodym (rendement env. 80%), comme le Speed 700 néodym et les moteurs cobalt comme ceux de la gamme Astro (rendement env. 80%). Le prix des moteurs est lié directement au type d’aimant et au fait que les charbons soient remplaçables ou non.

Les moteurs ferrite perdent progressivement leur aimantation, surtout s’ils chauffent trop, l’intensité qu’ils acceptent est souvent limitée à de faibles valeurs ; les moteurs néodym ou strontonium etc. ont de bons aimants, mais il ne faut surtout pas les faire chauffer car la perte d’aimantation est très importante enfin les moteurs cobalt sont ceux qui supportent les plus grosses intensités sans perte d’aimantation notable : ce sont également les plus chers !

Une limite des moteurs classiques est leur vitesse de rotation car les charbons finissent par ne plus faire contact efficacement sur le collecteur. On verra que ce point n’existe pas sur les brushless. Seuls les moteurs sur roulements peuvent tenir longtemps à des vitesses de rotation élevées.

 

 

Principe de fonctionnement des moteurs brushless

Tout d’abord utilisés dans l’industrie, les moteurs brushless existent depuis quelques années dans le domaine du modélisme. L’idée est simple, puisque les charbons sont une source de problèmes, il faut les supprimer !

Pour cela, on inverse le principe classique et les bobinages sont situés sur la partie fixe du moteur, le stator, les aimants sur le rotor. Si on branche ce moteur sur une batterie, il ne tournera pas, il lui faut un contrôleur spécial qui génère 3 courants pour le mettre en rotation. Ce qui était fait mécaniquement par les charbons et le collecteur, est fait électroniquement par le contrôleur. Donc, pas de charbons, les bobinages situés à la périphérie du moteur, donc mieux refroidis, pas de limite de vitesse si ce n’est celle des roulements !! Certains fabricants annoncent 100 000 tr/mn !!!

 

 eleclib03.jpg (27614 bytes)

 

Un autre avantage de ces moteurs est leur grande plage d’utilisation en tension, on peut utiliser certains moteurs Aveox de 7 à 24 éléments ! Le rendement est excellent, jusqu’à plus de 90%.

Inconvénient :leur prix, l’ensemble moteur + variateur est plus cher que sur un moteur classique. Si le prix du moteur n’est pas beaucoup plus élevé qu’un équivalent cobalt classique, celui du variateur brushless est par contre beaucoup plus élevé que pour un variateur classique. Pendant quelques temps ces moteurs ont été équipés de capteurs pour que le variateur puisse s’y retrouver, maintenant ils sont pour la plupart sans capteur "sensorless" ce qui permet l’utilisation d’un variateur brushless d’une marque sur un moteur d’une autre.

Tous les fabriquants s’y mettent et en compétition, sauf là où ils sont interdits, tous les compétiteurs les utilisent... Il n’y a pas de fumée sans feu !

 

 

Réducter ou pas ?

On entend parfois : « si tu mets un réducteur, tu auras plus de puissance ! » ; c’est faux, le réducteur n’augmente pas d’un iota la puissance d’un moteur.

Alors ça ne sert à rien ?

Mais si ! Un réducteur permet d’utiliser une plus grande hélice à un régime plus faible. Or les hélices ont un rendement qui s’améliore avec leur diamètre, d’autre part, sur des modèles qui ont un maître couple important, il vaut mieux que l’hélice dépasse de chaque côté !

Le réducteur ne change donc qu’une chose : la vitesse de rotation du moteur. Grâce à un régime plus faible, le moteur peut supporter une plus grande hélice. Dans ce qui suit, on n’évoquera le réducteur que pour un paramètre du moteur, le Kv, mais c’est pour plus tard !

 

 

Liste de sites où trouver des renseignements sur les moteurs

 

 

Le choix d’un moteur

Ce choix dépend de la puissance souhaitée, du poids, de l’encombrement, ainsi que du porte-monnaie !!

Les caractéristiques utiles :

Pour comparer les caractéristiques des moteurs, on peut éprouver des difficultés car chaque fabricant donne des indications différentes ; certains indiquent les chiffres maxi, d’autres ceux en utilisation normale, d’autres rien du tout ; enfin, certains précisent 3 paramètres qui suffisent à tout savoir, les voici:

 

 eleclib04.jpg (17146 bytes)

 

Kv : le nombre de tour par volt, par exemple un moteur avec un Kv de 1000, tourne à 1000 tr/mn pour 1 Volt, 3000 tr/mn pour 3V etc. Dans le cas d’un moteur réducté, le Kv de l’ensemble moteur plus réducteur est égal au Kv du moteur divisé par le taux de réduction.

Io : l’intensité à vide, un moteur consomme, même s’il n’y a pas d’hélice ; par exemple Io = 2A.

Ra : la résistance des enroulements en Ohms, par exemple Ra= 0.125 Ohm.

Vous me direz, ces chiffres, je ne les ai pas !!

Vous en trouverez une bonne liste dans le tableau Excel suivant que vous pouvez charger.

Si celui de vos rêves manque, contactez-moi !

 

 

Le calcul des performances

Ces trois chiffres en main, vous pouvez obtenir : le rendement en fonction de l’intensité, la puissance en entrée et en sortie du moteur, la vitesse de rotation en fonction de l’intensité, le rendement maxi et l’intensité qui correspond, l’intensité au blocage. Le tout sous forme de chiffres et/ou de courbe.

En effet, contrairement à ce que l’on entend parfois : « mon moteur a 80% de rendement », le rendement d’un moteur n’est pas une constante, il varie en fonction de l’intensité. Si on fait trop consommer un moteur, le rendement chute et peut descendre en dessous de 50%, c’est à dire que le moteur produit plus de chaleur que de travail utile : c’est un radiateur mais plus un moteur !!

 

eleclib05.jpg (28329 bytes)

 

Exemple d’une courbe de rendement d’un moteur en fonction de l’intensité consommée. On voit que ce moteur a un rendement d’environ 80% entre 17 et 27 Ampères, c’est la plage qu’il faut utiliser de préférence.

On peut également tracer les courbes de puissance d’entrée (consommation) et de puissance de sortie (disponible pour l’hélice).

 

 eleclib06.jpg (27731 bytes)

 

Ce graphique montre les valeurs des puissances d’entrée et de sortie en fonction de l’intensité consommée. Il faut noter que la différence est de plus en plus importante or cette différence part sous forme de chaleur dans le moteur ! ! Au-delà d’un certain point, le moteur va griller ou tout du moins fatiguer très vite !

De même la vitesse de rotation, elle est souvent indiquée à vide, or lorsqu’on utilise le moteur, cette vitesse de rotation est inférieure, parfois de beaucoup.

 

eleclib07.jpg (32147 bytes) 

 

Exemple de vitesse de rotation en fonction de l’intensité absorbée. On remarque que la vitesse à vide est de l’ordre de 20000 tr/mn alors que sous 45 A elle n’est plus que de 15000 tr/mn.

On peut, pour chaque moteur calculer son point d’efficacité maximum, une fois ce point trouvé, il est bon de ne pas trop s’en éloigner pour l’utilisation.

Astro 15 :

Kv 1488 tr/volt

Io 2A

Ra 0,069 Ohm

Avec une tension de 13 Volts (12 éléments) :

Rendement maximum : 80,5%

Intensité au rendement maximum : 19,4A

Vitesse de rotation : 17350 tr/mn

  

Vous me direz : mais comment je calcule tout ça ?

Je vous ai préparé une feuille Excel qui le fait pour vous !

Vous entrez dans les cases rouges correspondantes : Kv, Io, Ra ainsi que la tension que vous utilisez, en comptant 1,2V par élément soit 8,4V pour 7 éléments. Si vous utilisez de fortes intensités, il faut compter 1,1V par élément à partir de 25A et 1V à partir de 40A.

Le résultat s’affiche dès que tous les chiffres sont rentrés et validés !!!!

Avant d’imprimer, mettez le nom du moteur dans la case prévue et c’est fini !

 

eleclib08.jpg (41919 bytes) 

 

En établissant ces courbes pour plusieurs moteurs, vous pouvez comparer efficacement les résultats et choisir le plus adapté. Si vous désirez utiliser un réducteur, il faut connaître son rapport de réduction, par exemple 4/1, vous modifiez le Kv de la manière suivante : Kv du moteur divisé par le rapport de réduction.

Exemple : Kv 1520, réduction 4/1, Kv obtenu : 1520/4 soit 380 et le tour est joué !

 

 

Conclusion provisoire

En attendant la suite de cet article, essayez de faire quelques essais avec différents moteurs et si vous avez des difficultés, passez-moi un mail.

Claude Gueniffey

 

A suivre dans la deuxième partie :

Le choix du variateur

Le choix de l’hélice

Exemple récapitulatif

 

Retour vers le sommaire des rubriques.