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Jean-Marie Séverin

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Les débuts en pilotage "avions"

 

Introduction

Il y a généralement, dans tout club digne de ce nom, une personne qui s'investit dans la tache ingrate de former les nouveaux venus. On le reconnaît souvent à un signe très particulier car c'est lui que l'on voit le plus souvent avec la tondeuse, en train d'entretenir le matériel, de préparer le carburant du club, etc...

C'est aussi le cas chez nous, et si l'on ne préserve pas cette bonne volonté, on risque un jour de ce retrouver fort dépourvu... Il est donc important de répartir les tâches sur plusieurs personnes afin que celles-ci ne deviennent pas une contrainte. C'est le cas de l'école comme pour les autres tâches.

Une fois que quelques bonnes volontés se sont manifestées, il apparaît qu'il nous manque deux choses:

L'objet de ces lignes est donc d'expliquer les principes et les phases de l'apprentissage que nous prodiguons aux élèves avec des résultats satisfaisants. Ce texte s'adresse à la fois à l'apprenti pilote et au moniteur novice. Il est clair que cela s'adresse à un public hétéroclite allant du jeune de 12 ans (parfois moins) au papy de .... bref, nettement plus âgé. La théorie qui est expliquée est donc rudimentaire et juste nécessaire pour la compréhension des réactions de l'avion lors des premiers vols. L'élève pilote pourra, s'il est intéressé, se plonger dans la lecture des nombreux ouvrages ou articles spécialisés que l'on trouve dans la presse, en librairie ou dans la bibliothèque du club.

L'école de pilotage avions fonctionne depuis de nombreuses années au sein du club et chaque année de nombreux élèves terminent leur phase d'apprentissage par le passage du brevet de pilote de démonstration, et cela pour la plus grande satisfaction du moniteur en chef. Les avions utilisés sont dédiés à cet usage et correspondent tous aux critères unanimement admis comme indispensables à un bon apprentissage. C'est-à-dire : un avion suffisamment grand (1,50m minimum), aile haute, 3 axes, relativement lent, peu chargé, facile à mettre en oeuvre, solide et facile à réparer. A l'heure actuel, c'est un Safari qui vole tous les week-end et qui finalement résiste bien (jusqu'à présent...).

 

Un peu de théorie

Qu'est-ce qui fait voler un avion ?

Un avion vole car il a une aile. C'est l'effet du mouvement de l'air sur celle-ci qui provoque une force, du bas vers le haut, nommée la portance. Cette force doit équilibrer le poids de l'avion pour obtenir un vol horizontal, tout comme la traction du moteur doit être supérieure à la traînée (résistance à l'avancement due aux frottements dans l'air) pour faire avancer l'avion.

Equilibre des forces

Pourquoi tourne-t-il ?

Lorsque que l'on agit sur les ailerons, on augmente la portance de l'aile dont l'aileron se baisse et on diminue la portance de l'aile dont l'aileron se lève. Ainsi l'avion va s'incliner du coté de l'aile qui porte le moins. La composante verticale de la portance qui s'applique à l'avion va diminuer, il faut alors agir sur la gouverne de profondeur pour l'augmenter et empêcher ainsi l'avion de perdre de l'altitude. L'avion étant incliné, on constate que l'action sur la profondeur va également entraîner l'avion du côté ou il penche.

Toute la difficulté réside dans le bon dosage de cette action sur la profondeur pour maintenir l'avion en vol horizontal tout en effectuant un virage. Une action contraire sur les ailerons remettra l'avion à plat en sortie du virage, il faudra, alors, relâcher l'ordre sur la profondeur.

Les commandes de la radio

Le pupitre d'une radio-école possède 2 manches qui agissent sur 4 voies: la profondeur, la dérive, les ailerons et les gaz. La dérive sera oubliée pour les phases d'apprentissage au vol, son utilité sera démontrée au moment du premier décollage.
Il existe plusieurs façons de répartir les manches sur le pupitre, en effet, on peut mettre les gaz à gauche ou a droite de même que la dérive. On obtient ainsi, 4 configurations possibles que l'on appelle mode 1, 2, 3 & 4.

 

Attribution 
des 
manches
Gauche Droite
Vertical Horizontal Vertical Horizontal
Mode 1 Profondeur Dérive Gaz Ailerons
Mode 2 Gaz Dérive Profondeur Ailerons
Mode 3 Profondeur Ailerons Gaz Dérive
Mode 4 Gaz Ailerons Profondeur Dérive


Il n'y a pas de règles universelles. Le meilleur choix est de s'adapter aux règles du moniteur. Chez nous, comme sur la plupart des terrains du pays, nous volons en mode 1, cela donne le pupitre ci-dessous :
 

La double-commande

Afin de limiter les risques pour l'avion lors de la phase d'apprentissage, nous utilisons une double-commande, comme en avion grandeur en quelque sorte. Le moniteur a donc le pupitre maître, qui émet les ordres vers l'avion, et l'élève tient le pupitre élève qui n'agit sur les commandes de l'avion que si le moniteur agit sur un levier de son émetteur. Il peut ainsi laisser piloter l'élève et reprendre les commandes instantanément en relâchant le levier, si le besoin s'en fait sentir.

 

Et maintenant, la pratique

Dans la colonne de gauche, on trouvera les consignes pour le moniteur et dans celle de droite, celles de l'élève.

 

Moniteur Élève
Avant toute chose

Le moniteur doit s'assurer que son élève a compris les quelques rudiments exposé ci-dessus et définir avec lui un vocabulaire. En effet, les consignes qu'il sera amené à donner doivent être comprises immédiatement et sans ambiguïté. Pour cela elles doivent être claires et courtes.
Par exemple: 
Tire - A gauche - A droite - Baisse les gaz - etc.... 
Ici chaque moniteur définira avec son élève les mots qui lui semblent adaptés. De plus, a chaque fois qu'il prendra ou donnera les commandes, il devra l'annoncer. 
Vient ensuite la description du terrain, du domaine de vol et des règles de sécurité.

 

Premier contact : tester les réactions de l'avion

 

L'élève pilote n'ayant jamais touché une radio doit absolument sentir les réactions de l'avion à chaque commande qu'il donne.

Pour cela le moniteur monte l'avion à une altitude de sécurité, le met en ligne de vol à plat, vertical terrain, à mi-gaz, puis s'assure que son élève regarde le bon avion et le voit s'éloigner. Il lui donne alors les commandes.

 

 

L'élève se contente de tester les réactions de l'avion pour chaque gouverne les unes après les autres : Ailerons puis profondeur. 
Selon le pilote, il peut être utile de répéter 2 ou 3 fois cette manœuvre. (L'aptitude à assimiler les réactions de l'avion sont en principe inversement proportionnelles à l'âge de l'apprenti pilote ;+)

Premier virage

 

Une fois que l'élève a mesuré l'action de chaque gouverne, il est temps de ramener l'avion au bout de la ligne droite.

Il est bon que le moniteur lui rappelle les consignes : faible inclinaison, relâcher l'action sur les ailerons à temps, et soutien à la profondeur.

 

 

Malgré cela, il est fréquent que l'avion soit proche du vol tranche et s'enfonce ou alors il s'incline peu mais monte en chandelle.

Le moniteur reprend les commandes et la manoeuvre est répétée jusqu'à ce que l'avion vire en sécurité.

 

 

La ligne droite qui suit se passe en général assez bien mais arrive le piège... L'élève pilote doit refaire un virage alors que l'avion revient vers lui.

Et maintenant, on enchaîne le second virage

Le moniteur doit être attentif car si tout est normal, l'élève tourne à l'opposé de la consigne qui lui a été donnée (c'est ce que l'on appelle faire une "inversion").

 

 

Il doit donc maintenant s'habituer à contrôler son avion quel que soit le sens dans lequel il va.

Pour cela le moniteur lui demande de faire de larges huit à plat dans l'axe de vol.

 

 

L'élève enchaîne alors des virages de 180° alternativement à gauche et à droite. Quelques vols doivent généralement êtres consacrés à cette manœuvre, l'élève doit s'imaginer dans l'avion et pousser le manche dans le sens où il veut le faire tourner que celui-ci s'éloigne ou revienne vers lui. 
Quelques vols plus tard, lorsque enfin les inversions se font plus rares, on passe à l'étape suivante...

Les hippodromes

 

Le but de cette nouvelle phase d'apprentissage est de faire prendre des repères à l'élève pour que son avion survole la piste vent de face. Généralement le dernier virage avant la piste est trop large ou trop serré, le passage au-dessus de la piste (si celle-ci est survolée...) n'est pas dans l'axe. 

Le moniteur montre le bon moment pour amorcer le dernier virage et indique un repère s'il y en a (arbre, Colline, clocher d'église, etc...)

 

 

Quelques vols sont donc nécessaires pour que l'élève arrive à contrôler l'axe de sortie de ce dernier virage.

Une fois la prise de piste réussie suffisamment souvent, il est temps de penser à perdre un peu d'altitude avant de survoler la piste. Le moniteur montre donc à son élève à quel moment il doit réduire les gaz et de combien.

 

 

L'élève qui volait pratiquement toujours à mi-gaz va donc se servir d'une nouvelle commande et devoir apprendre à la gérer pour la phase suivante :

Et maintenant, les choses sérieuses : le circuit d'approche

Il s'agit donc de réaliser un hippodrome, où les gaz seront réduits une première fois dans la branche vent arrière, puis encore une fois dans la dernière branche, celle qui ramène l'avion sur la piste. L'objectif est d'amener l'avion en entrée de piste, bien dans l'axe, à quelques mètres d'altitude.
Le moniteur fait la démonstration et passe les commandes à son élève.

 

 

Une fois le seuil de piste franchi, l'élève doit remettre doucement les gaz, laisser l'avion reprendre de la vitesse et, seulement après, tirer le manche pour reprendre de l'altitude.

On progresse, car maintenant on décolle...

 

Après un quelques semaines d'apprentissage (environ une trentaine de vols), l'élève maîtrise maintenant bien son avion, il maîtrise les basses vitesses, les effets du vent et ses réflexes s'affinent.

Il est indispensable que le moniteur soit persuadé que son élève est prêt, car si cela se passe mal, il lui sera difficile de rattraper les choses. Il doit aussi expliquer les réactions de l'avion pendant la phase de roulage. 
En effet, lors du décollage, l'avion ne roule pas droit, il vire systématiquement à gauche. Ce virage est provoqué par le souffle hélicoïdal provoqué par l'hélice qui "pousse" sur le côté gauche de la dérive. 
Pour contrer se souffle, il faut braquer la dérive vers la droite.

  

  

L'élève n'a plus qu'a faire ce qu'il faut. Cela se passe généralement assez bien. Le défaut généralement constaté est une tendance à tirer trop tôt et/ou trop fort.

 Et enfin l'élève devient un vrai pilote de modèle réduit car.... il atterrit

  

Après une cinquantaine de vols, les approches doivent être parfaitement maîtrisées et l'avion dans l'axe de la piste entre 1 et 2 mètres d'altitude à l'entrée de piste. Il n'y a plus qu'a laisser faire et arrondir. C'est-à-dire tirer la profondeur doucement, comme pour empêcher les roues de toucher le sol. Il faut généralement un bon nombre d'atterrissage pour maîtriser la chose. Et comme on dit en aviation grandeur : "Un pilote ne vaut pas mieux que son dernier atterrissage".

Le moniteur reste sur ses gardes, car si cela ne va pas, il a très peu de temps pour réagir.....

  

Maintenant, le nouveau pilote peut apprendre à .... piloter

  

En effet, s'il est devenu autonome et peu faire voler son avion seul et le ramener au sol en bon état, il doit affiner son pilotage en utilisant la dérive, contrôler les effets du vent.

 

Conclusion

Pour le moniteur, ces lignes ne sont là que pour lui servir de guide lors des premières leçons qu'il aura à donner. Il est clair que chacun adaptera tout cela à sa façon afin de dégager ses propres méthodes.

Pour l'élève, l'objectif est d'assimiler les techniques exposées plus haut afin de pouvoir voler seul, en sécurité pour son avion et pour les usagers du terrain d'aéromodélisme. Pour lui, le meilleur est à venir. En effet, il lui reste à passer à l'apprentissage de la voltige. Celle-ci lui permettra de contrôler son avion dans des phases de vol peu orthodoxes qui peuvent survenir même si on ne le souhaite pas. Mais cela est une autre histoire...
 
Jean-Marie Séverin

 

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Article publié grâce à l'aimable autorisation de Jean-Marie Séverin. L'original est visible sur le site des Clayes du Ciel à l'adresse suivante : http://clayesduciel.multimania.com/